Belle Epoque

belle époqueTitre VF : Belle Epoque
Titre VO : Belle Epoque

Auteur : Elizabeth Ross (USA)
Traduction par Madeleine Nasalik

Publié par les Editions Robert Laffont (Collection R)
Date de publication : 14 novembre 2013

Genre : Young Adult

Pages : 399 – 416 pages avec la nouvelle « Les repoussoirs » de Emile Zola

Prix : 17,90 €
Commander sur amazonBelle Epoque : Suivi de la nouvelle Les Repoussoirs d’Emile Zola

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Quatrième de couverture

PARIS, 1889. Maude Pichon s’enfuit à 16 ans de sa Bretagne natale pour échapper à un mariage forcé er découvre Paris, ville-lumière en ébullition à la veille de l’Exposition universelle. Hélas, ses illusions romantiques s’y évanouissent aussi vite que ses maigres économies. Elle est désespérément à la recherche d’un emploi quand elle tombe sur une petite annonce inhabituelle : 

ON DEMANDE
Des jeunes femmes pour faire un ouvrage facile. 
Bienséance respectée. 
Présentez-vous en personne à l’agence Durandeau, 27 avenue de l’Opéra, Paris

L’agence Durandeau présente en effet à ses clients un service unique en son genre : le faire-valoir. Etranglée par la misère, Maude postule…

Mon avis

Non, non, vous ne rêvez pas ! J’écris une chronique !!! ça fait un bail, hein ! Panne livresque oblige, le blog a fonctionné au ralenti pendant quelques temps. Mais avec la nouvelle année, vient les bonnes résolutions et j’ai décidé de me mettre un bon coup de pied aux fesses et de chroniquer de suite ma lecture une fois terminée !

Côté lecture, on peut dire que j’ai donc très bien commencé l’année avec  un roman young-adult vraiment magnifique : il s’agit de Belle Epoque de Elizabeth Ross.

book ornement
Belle Epoque, c’est l’histoire de Maude Pichon, une jeune bretonne, des rêves plein la tête, qui décide de quitter sa Bretagne natale pour tenter sa chance à Paris et échapper ainsi aux plans matrimoniaux qui lui étaient imposés par son père.
Cependant, une fois sur place, elle déchante assez rapidement. Pressée de trouver un travail pour pouvoir subvenir à ses besoins, elle finit par répondre à une annonce assez vague précisant juste que l’on cherche des jeunes femmes pour un travail facile.
Mais Maude est loin de s’imaginer qu’on lui propose en fait de devenir repoussoir, à savoir un faire-valoir pour de riches jeunes femmes souhaitant mettre en avant leur beauté en apparaissant en société à côté d’un laidron…

book ornement
Première impression quand j’ai commencé ce livre : j’ai été très choquée par le sujet abordé. Mettre ainsi en avant des femmes en insistant sur leurs défauts physiques et en les traitant de moche, ça a vraiment remué des choses en moi. Et pour être honnête, n’étant pas au top de ma forme pour le moment, j’ai failli arrêter ma lecture pour commencer quelque chose de plus léger pour ne pas voir mon moral tomber dans mes chaussettes.
Mais le sujet m’intriguait et j’ai vraiment eu envie de savoir comment l’auteur allait le traiter au fil de l’intrigue, j’ai donc persévéré et j’ai bien fait… car au final, Belle Epoque est un gros coup de coeur et une belle réflexion proposée aux plus jeunes.

Elizabeth Ross s’est inspirée d’une nouvelle écrite par Emile Zola, « Les repoussoirs » pour écrire son roman. D’ailleurs, la nouvelle est intégrée au roman puisque vous pouvez la lire après la fin. Une nouvelle qui présente l’agence de repoussoirs créée par un certain Durandeau, Elizabeth Ross a voulu aller plus loin en se mettant à la place de ses jeunes femmes : deviner leurs pensées, leurs émotions à faire un tel travail et à être considérées à longueur de journée comme une jeune femme moche.

C’est dans le Paris du 19ème siècle que se situe notre histoire. Une époque bien retranscrite par l’auteur : j’ai fait un agréable retour dans le passé avec ce livre, j’ai vraiment vécu l’époque au rythme de l’histoire... et pourtant, il n’y a pas beaucoup de descriptions. C’est dire que le talent de l’auteur pour nous faire voyager avec son héroïne et dans un style agréable et simple, déchargé de la lourdeur de descriptions longues et ennuyeuses. 

J’ai aimé la manière dont l’auteur a construit son histoire : on découvre Maude à son arrivée à Paris et on voit son évolution au fil de l’histoire. Maude, une jeune fille naïve, vit très mal son statut de repoussoir. En fait, elle ne s’était jamais posé la question de son apparence avant qu’on lui colle une étiquette, celle de fille moche. Mais au fil de l’histoire, et du temps qu’elle passe dans la famille Dubern, on va la voir changer… et pas toujours dans le bon sens. Maude est persuadée de ne pas être « comme les autres », comme ses autres amies repoussoirs, elle se leurre dans la superficialité de la vie qu’elle mène au sein de la famille Dubern et ne fait nulle attention aux conseils de ses amies qui la mettent en garde et lui rappelent qu’elle ne fait pas partie du même monde que ses clientes. Le comportement de Maude pourrait en agacer plus d’un car elle devient vraiment hautaine et condescendance, le lecteur a vraiment l’impression que Maude se croit au-dessus des autres.
Pour ma part, j’ai trouvé que l’auteur avait insufflé à Maude les comportements et les attitudes justes par rapport à ce qu’elle vivait. Même si j’étais profondément agacée par Maude, j’ai trouvé que finalement, son changement d’attitude était justifié et qu’il était logique et humain.
On pourrait disserter pendant des heures sur la question de la vanité de l’homme. Car il ne faut pas se leurrer, nous sommes tous pareils. Et ce sont des livres comme celui-ci qui nous mettent face à la réalité de ce que nous sommes et nous font réfléchir quant à la superficialité de notre condition.
Maude arrive à Paris, des rêves plein la tête mais la réalité la rattrape vite. Pour subvenir à ses besoins, elle accepte un poste humiliant. Grâce à ce poste, elle va se lier d’amitié avec Isabelle mais aussi vivre la grande vie pendant quelques temps. Quelles têtes ne tourneraient pas face à tant d’opulence ? Qui ne s’imaginerait pas la belle vie et ne se sentirait pas supérieure avec ses belles toilettes et ses bracelets scintillants ? Qui n’aurait pas envie de se pavaner devant les autres pour montrer sa réussite ?
Pour reprendre un exemple qui nous est plus proche, il suffit de se référer à notre bonne vieille blogo… Quelle blogueur garde la tête froide à voir ses statistiques qui augmentent, les abonnés qui affluent sur youtube ou facebook, à voir toutes ses personnes qui suivent ses avis et choisissent ses lectures grâce à ses précieux conseils ? Oui, il y a de quoi faire tourner quelques têtes si vous voulez mon avis… si on ne sait pas garder les pieds sur terre. Soyez honnêtes, admettez-le, je reconnais qu’au début, quand j’ai vu mes stats s’affoler, je me suis donné à moi-même une importance que je n’avais que dans ma tête 🙂
Dès lors, une fois que l’on comprend cela, il est impossible de juger Maude sur son comportement… Il est agaçant certes, mais il est profondément humain.

L’auteur présente également des personnages secondaires hauts en couleur : j’ai aimé le tempérament de fofolle de Marie-Josée, j’ai trouvé qu’elle mettait, à elle seule, de la gaiété dans la morosité de l’agence Durandeau, j’ai aussi aimé le personnage d’Isabelle, la jeune cliente de Maude, une jeune femme qui pouvait paraître prétentieuse et pourrie gâtée a priori mais qui s’avère intéressante et beaucoup plus sympathique une fois qu’on apprend à la connaître. Bien que discret, j’ai apprécié le personnage de Laurent qui, malgré le contexte de l’agence, n’hésite pas à porter de l’attention aux filles en les couvrant de compliments.

J’ai détesté bien évidemment le personnage de Durandeau qui n’hésite pas à mettre des étiquettes sur des jeunes femmes en les traitant de moche et en leur jetant en pleine figure tous leurs défauts physiques et à monnayer cette laideur pour s’enrichir. J’ai aussi détesté le personnage de la Comtesse Dubern qui se sert de Maude pour encourager les propositions de mariage envers sa fille mais aussi pour espionner celle-ci et tirer le maximum de renseignements de l’amitié qui lie Isabelle à Maude. Elle n’a aucune considération pour Maude et l’utilise vraiment comme un vulgaire objet à son service.

L’auteur a également ajouté une pointe de romance dans son histoire. Le personnage de Paul reste discret mais d’emblée l’auteur s’attache à cet artiste sans le sou qui essaie de percer dans la musique. Paul reste simple et son attirance vers Maude toute mignonne. Cependant, comme ma grande amie Galleane, je constate que la romance garde une place très discrète dans l’histoire et qu’elle aurait mérité quelques développements supplémentaires pour être parfaitement crédible

Au niveau de l’intrigue, il faut bien l’avouer : Belle Epoque souffle un vent de nouveauté sur le young adult, le récit est très original et amène une réflexion très bien construite pour les ados auxquels le livre s’adresse.  

Je n’ai pas été déçue par la fin du récit. Pendant toute ma lecture, je me suis demandée comment l’auteur allait pouvoir terminer son histoire, en imaginant bien en avance les rouages de certaines choses inévitables mais j’ignorais vraiment la note sur laquelle l’histoire allait se terminer. 
Et je suis comblée. Le message final de l’auteur est juste parfait, la manière de l’exprimer assez poétique. J’en ai presque eu les larmes aux yeux tellement j’ai trouvé ce message magnifique et tellement vrai. Voilà exactement le genre de livre que j’aurais aimé que mon prof de français me fasse lire à l’école. Dès lors, rien que pour la réflexion qu’il amène et ce message, je pense que ce livre devrait être au programme du cours de français. Je ne comprends déjà pas que mon prof de français de l’époque ne nous ai pas initié à Zola en nous faisant lire cette petite nouvelle. Au moins, cette lecture amène une VRAIE discussion et parle aux ados d’une problématique qui les touche tout particulièrement. C’est à l’adolescence qu’on commence à s’interroger sur son physique, qu’on se compare aux autres et qu’on choisit ses affinités sur base de ce critère. Les ados populaires du lycée ne sont-ils pas toujours ceux que tous les autres jugent les plus beaux ?  Il est donc important de mettre en garde nos enfants contre la superficialité de juger les autres sur leur apparence physique vu les problématiques que ce jugement amène (notamment perte de confiance en soi, anorexie ou boulimie,…). Ce livre est parfait pour cela, ne serait-ce que pour faire prendre conscience aux ados des dérives de tout miser sur l’apparence, sur la soi-disant beauté physique.

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BREF, comme vous l’avez compris en lisant encore cette très longue chronique, j’ai vraiment adoré ce roman. Il se peut que le roman ne soit pas parfait, mais ses défauts ne m’ont pas dérangé. En fait, pour être honnête, je ne les ai pas vus ! 
L’univers, le contexte de l’histoire, le message véhiculé par le roman, j’ai tout aimé d’un bout à l’autre. Je ne regrette absolument pas de mettre posée sur ce livre pour terminer mon année 2013 et commencer cette nouvelle année… je dirais même que grâce à Belle Epoque, j’ai retrouvé le goût de la lecture (et de chroniquer) qui ne m’avait plus animé depuis des semaines !

Bref, ce livre est magnifique et à mettre entre toutes les mains. Ne vous faites pas prier et lisez-le !

Coupdecoeur

Les points + :

  • Un roman qui invoque avec justesse et simplicité une problématique toujours d’actualité aujourd’hui ;
  • Un roman YA très original, qui change vraiment de ce que l’on trouve en librairie habituellement ;
  • Un sujet fort pour un message qui l’est tout autant ;
  • Un petit + pour avoir intégré la nouvelle dont s’est inspirée l’auteur, « Les repoussoirs » d’Emile Zola (pour peu, l’auteur m’a même donné envie de découvrir l’auteur (j’avais lu Germinal il y a quelques années mais je n’ai malheureusement pas terminé le livre…)
  • Des personnages hauts en couleur qui servent très bien le récit.
  • Même si le comportement de Maude pourrait en agacer beaucoup, perso, je l’ai trouvé en adéquation avec le récit et ce qu’elle vit.

Les points – :

  • Parce qu’il fallait bien en trouver un petit, peut-être le fait que la romance soit trop discrète dans le récit et qu’elle perd donc un peu en crédibilité ;

 
Les avis des copinautes : Galleane, Mycoton, EnjoyBooks (Mathieu, j’espère que tu ne m’en voudras pas pour le « copinaute » mais je trouvais que « copain-naute », ça sonnait plutôt moyen ^^), Mélo et encore bien d’autres sur la page Livraddict que vous pouvez consulter en cliquant ICI.

Commentaires

  1. Un roman que je veux vraiment beaucoup lire !! 3 janvier 2014 00:59

  2. Hé bien ! Quel billet enthousiaste, de quoi ne pas me le laisser trainer dans ma PAL ! J'aime bcp ce que tu dis du message, ça me donne très envie. Puis foi de prof de français, si j'accroche aussi bien que toi, je le mettrai dans la liste de mes 5ème aux côtés d'autres titres de R qui y sont déjà :) Des bisous, Cajou 3 janvier 2014 01:28

  3. Et puisqu'ici il ne risque pas (ou moins) d'avoir des moqueries, c'est l'anniversaire de notre chéri commun alors une petite (grande) pensée, très émue, pour lui. 3 janvier 2014 01:29

  4. Un vrai coup de coeur pour moi aussi, tant pour le fond que la forme! La collection R s'enrichit d'un très bon roman historique! Contente de voir que tu reviens en forme avec cette chronique. Belle année à toi :) 3 janvier 2014 10:31

  5. J'hésitais vraiment à rajouter ce livre à me WL. Donc merci pour cet avis, car du coup je suis convaincu qu'il aura sa place dans ma PAL tout bientôt. Le genre promet de me plaire, vu comment tu en parles :-) Merci Jess. Bisous 3 janvier 2014 11:33

  6. Voilà une chronique qui me donne envie de lire ce livre encore plus vite que prévu! 3 janvier 2014 17:13

  7. Je l'avais demandé pour Noël mais malheureusement je ne l'ai pas reçu :( En tout cas, ton billet me donne envie d'aller le chercher moi même^-^J'ai trop envie de le lire! 4 janvier 2014 13:08

  8. Une jolie chronique qui donne envie de découvrir non seulement le titre mais aussi la nouvelle dont il s'inspire. A l'occasion, je pense me laisser tenter. 4 janvier 2014 23:36

  9. J'ai hâte de me le procurer :) 6 janvier 2014 15:02

  10. Une chronique qui m'a donné envie de rajouter Belle Epoque dans ma wish! :-) Bisous 17 janvier 2014 15:38

  11. Je viens de le finir ! Et je suis de ton avis ce roman est un petit bijou :) Je pense que ta chronique ne peut que donner l'envie de le lire. 27 janvier 2014 13:33

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