La Guilde de Nod, tome 1 : Genèse

Titre VF : La Guilde de Nod, tome 1 : Genèse 

Auteur : Cécilia Corréia (FR)

Publié aux Editions Rebelle
Date de publication : 25 janvier 2012

Sites Web à consulter : Editions Rebelle, la page FB du livre

Genre : Fantastique

Pages : 368

Prix : 19 €
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Note :  


Quatrième de couverture.


Londres, fin du XIXe siècle.
Elisabeth Rosebury, dite Lily, tente d’échapper à un mariage forcé. Elle est sauvée de justesse d’une agression par Guillaume, un vampire mélancolique vivant dans un étrange château. Lily porte en elle un lourd héritage, elle fait partie de ceux que l’on nomme les descendants de la malédiction. Eux seuls peuvent devenir vampires, et Guillaume, forcé par les lois obscures de la Guilde, n’a d’autre choix que de faire d’elle sa première éveillée. Mais cette transformation leur réservera des surprises, elle les entraînera dans une aventure passionnante, à la recherche d’un mystérieux Maître mage…

Mon avis.

Attention à vous, lecteurs ! Je me suis pris une belle claque à la lecture de ce roman. J’ai rarement pris autant de plaisir à découvrir un nouvel univers vampirique, surtout quand celui-ci mêle la Genèse, la création du monde par Dieu à mes petites bêtes à croc préférées ! Je tenais à vous préciser que je ne suis en rien responsable des craquages éventuels qui risquent de suivre cette chronique. Pour le service après-vente, merci de vous adresser directement à l’auteur 😀

Londres, fin 19ème siècle.
Lily s’enfuit de chez elle après que son père l’ait forcé à épouser un homme qu’elle n’aime pas. Sur sa route, après avoir été agressée, elle va rencontrer Guillaume, un jeune homme mélancolique qui va l’accueillir chez elle le temps qu’elle se remette de cette agression. Cependant, Guillaume n’est pas un homme comme les autres, à vrai dire il n’est même pas humain. Il est vampire et sent que Lily est destinée à en devenir un également. Etant donné que cette dernière est une descendante de la malédiction, il n’a pas le choix, il doit la transformer. 
Cependant, une fois vampire, Lily va manifester des aptitudes peu habituelles pour un vampire. Guillaume décide alors de déployer les grands moyens pour l’aider : ils vont traverser la moitié de l’Europe pour trouver Lamek, un Maître mage qui pourra sans doute les éclairer sur la nature des pouvoirs de Lily… 

A. L’intrigue. 


Cécilia Corréia nous propose dans ce roman une revisite assez osée et originale du mythe du vampire.  Difficile d’en parler sans trop en dévoiler mais sachez juste qu’ici, le mythe vampire est expliqué au regard de la Genèse ! Assez innovant, vous en conviendrez de mêler Dieu avec des vampires ! Et pourtant, elle l’a fait et elle l’a BIEN fait !

La mythologie est vampire est donc totalement repensée avec au départ de la légende de Adam et Eve, laquelle est transformée pour l’occasion. Le résultat est assez surprenant et totalement logique. Je n’ai trouvé aucune faute note, aucune incongruité dans cette mythologie, je suis restée simplement muette d’admiration par l’audace et le culot de l’auteur qui a osé montrer le côté sombre de Dieu (ben oui, pourquoi lui n’en aurait pas un, lui aussi ?) pour expliquer l’apparition des vampires !  SPOILpassez avec votre souris sur l’espace vide pour lire le spoil : Certains se demanderont pourquoi je parle de côté sombre du Seigneur ? C’est simple, on nous bassine depuis notre plus jeune âge que Dieu est Miséricorde et Pardon et bien pour le coup, je peux vous dire que là on repassera sur le côté du gentil Dieu qui nous pardonne à nous, pauvres pécheurs… L’erreur de Caïen, ici, il la paie cher et cash en plus !)FIN SPOIL

Quand je dis que toute la mythologie de l’auteur est réfléchie et pensée autour de la Genèse et de la création du monde par Dieu, c’est vraiment toute puisque le titre même de l’ouvrage (La Guilde de Nod) tire son nom d’un épisode de la Genèse dans lequel Caïn est envoyé sur la terre d’errance (Terre de Nod) après avoir tué son frère, Abel (On remerciera la petite troupe Rebelle (Cécilia, Nathy et Sophie Jomain) pour m’avoir éclairé à ce sujet sur mon profil FB suite à une réflexion de Alex Mot à Mot – comme quoi lire rend bien intelligent, je me coucherai moins bête ce soir :D)


On appréciera également que Cécilia Corréia ne se concentre pas uniquement sur les vampires (qu’ils soient simples vampires, mages ou encore mercenaires) mais également sur d’autres créatures fantastiques telles que des goules mais aussi sur un groupuscule humain envoyé par le Vatican pour éradiquer les premiers de la surface de la Terre.

De plus, cette mythologie et l’univers de Cécilia plus largement est très bien intégré au récit, très bien expliqué. L’auteur explique d’abord les bases nécessaires puis construit son univers par palier, s’assurant de la solidité du niveau inférieur avant de rajouter un étage supplémentaire (désolée pour la comparaison avec un chantier mais pour le coup, j’ai trouvé qu’elle était assez révélatrice de la construction du roman !)
Dès lors, je n’ai jamais eu l’impression d’être perdue ou de ne pas comprendre les implications de chaque nouvelle révélation. Que du contraire, le tout était très clair, très précis SAUF peut-être la fin qui reste très nébuleuse mais qui donne indéniablement envie de se plonger dans la suite IMMEDIATEMENT !

On notera également en ce qui concerne l’intrigue en elle-même qu’il y a que très peu de temps mort (sauf quelques moments descriptifs mais je reviendrai sur ce point au C.), il se passe toujours quelque chose, une révélation, un danger qui tient le lecteur en haleine

Il n’y a vraiment rien à redire de négatif, le sujet est maîtrisé d’un bout à l’autre aussi bien au niveau du développement de l’intrigue qu’en ce qui concerne la mythologie. L’auteur parvient en plus à faire voyager le lecteur aussi bien au niveau temporel en posant le cadre de son histoire au 19ème siècle mais aussi au niveau de l’espace puisque le lecteur va être amenée à voyager entre Londres, Paris ou encore Constantinople ! Et grâce à un style d’écriture certes détaillé mais qui transpose bien à l’écrit les sensations, les senteurs, les saveurs de chaque région dans laquelle nous atterrissons, l’évasion est garantie à 200 % !

B. Les personnages.  

Pour ce point encore, Cécilia Corréia fait un carton plein avec des personnages assez complexes que nous ne parvenons à appréhender notamment à travers les retours sur le passé fait continuellement par l’auteur (cela concerne surtout Guillaume).

Honneur au dame avec Elisabeth Rosebury, dite Lily. Que de caractère pour cette demoiselle de 21 ans qui refuse de se laisser dicter sa conduite par son père, surtout en ce qui concerne l’homme qu’elle va épouser. Lily n’a que faire des convenances sociales de son temps qui la contraigne à épouser l’homme choisi par son père, en fonction d’alliance stratégique, financière ou politique. Lily veut épouser l’homme qu’elle aimera réellement, d’un amour sincère et véritable.  J’aime une telle force de conviction chez un personnage.
Dans l’ensemble, c’est un personnage que j’ai beaucoup apprécié par sa simplicité. Cependant, on notera que la demoiselle, une fois transformée, va rapidement se faire à sa nouvelle condition de vampire et oublier le reste. Ce peut être déroutant de voir à quel point elle va avancer aisément dans ce nouveau monde alors qu’elle sait qu’être transformée signifie endosser une malédiction dont elle ignore tout. Les rappels à son ancienne vie sont assez rares et même si Lily a de bonnes raisons de fuir, on imagine mal cependant qu’elle puisse tirer un trait aussi facile sur sa famille.
C’est un personnage très sympathique qui attire l’affection du lecteur immédiatement par sa fraîcheur, son côté candide, innocent bien qu’elle s’affirme plus on avance dans l’histoire.

Ensuite, passons aux deux Messieurs qui l’accompagnent. Tout d’abord, Guillaume. Guillaume le vampire mélancolique, créateur de la charmante Lily. C’est peut être le personnage qui m’a le moins séduit du roman. Guillaume, comme je viens de le préciser, est très mélancolique, ressassant toujours le même passé vieux de 700 ans dans lequel il a perdu l’être aimé. Il est assez déprimant, il se plaint, geint tout le temps au point que je le qualifierai de « tue-l’amour » absolu !
Cependant, au fil des pages, il va reprendre de la couleur, devenir moins ennuyeux… bien que ! On ne change pas 700 ans de pleurnicheries en quelques semaines de temps, n’est-ce pas ! Il n’est donc pas rare de voir Guillaume continuer à s’apitoyer sur son sort malgré que sa vie reprenne des couleurs ! Bref, Guillaume, c’est le portrait du mec qui a tout pour être heureux mais qui s’ignore !

Puis, il y a Marcus. Eh bien moi, je l’ai largement préféré à Guillaume. Déjà, il vit dans le présent et pas dans le passé, malgré un passé tout aussi difficile à digérer.  Et puis, Marcus est inventeur qui construit plein de machines très utiles qui donnent un petit côté steampunk au récit !  
Même si au départ, j’étais comme Lily, je me méfiais de ce personnage assez libertin mais qui use de ses pouvoirs vampiriques sans vergogne et parfois même sur de jeunes enfants ! Oui, c’est choquant, mes amis, un gentilhomme ne s’attaque ni aux femmes ni aux enfants ! Il a su, au fil du roman, se dévoiler à Lily et laisser tomber sa carapace de gros dur. Dès lors, une fois tombé le masque, nous apprenons à connaître un homme qui tendre et doux et loyal jusqu’au bout des ongles envers son meilleur ami, Guillaume. Son passé, sa tendresse envers Lily et son courage d’accompagner Guillaume et Lily dans cette quête de la vérité au péril de sa vie font de lui un personnage remarquable, complexe qui jonglent entre des émotions contradictoires.

Au niveau des relations entre les personnages, là encore on sent la maîtrise de l’auteur : Cécilia connaît ses personnages jusqu’au moindre tréfond de leur âme. Dès lors, leurs relations n’en deviennent que plus sincère, véritable. 

On notera notamment la forte relation amicale entre Guillaume et Marcus. Même dans les moments d’extrême tension, ces deux amis arrivent toujours à désamorcer la bombe qui aurait pu faire éclater leur amitié en mille morceaux.

La relation entre Lamek et Guillaume qui revêt un caractère filial assez prononcé est très touchante.

ALERTE SPOILER. Passez la souris sur l’espaces blanc pour savoir de quelle relation je parle.
La relation entre Guillaume et Lily est, contre toute attente, celle qui me séduit le moins. Malgré qu’on ressent jusqu’au fond de nos tripes l’attachement sincère et profond de ses deux êtres l’un vis-à-vis de l’autre, je n’arrive pas à m’émouvoir du bonheur pour ces deux âmes perdues qui se sont trouvées. Le couple est porté par Lily qui doit finalement composer avec les états d’âme de Guillaume, qui oscille entre son désir pour elle et sa culpabilité d’abandonner son premier amour, Séléné. Dès lors, moi qui adore ces histoires de gentilshommes prêts à tout pour sauver la demoiselle en détresse, j’ai ici l’impression d’avoir le contraire : une demoiselle en sauvetage d’un damoiseau en détresse ! C’est pas vraiment l’image du prince charmant qui me séduit !


C. Le style de l’écriture.

Le style de l’écriture est remarquable. Cécilia Corréia écrit merveilleusement bien, sa plume est très poétique. Il nous plonge avec délicatesse dans cette Europe de la fin du 19ème siècle comme si on y était.  

J’ai particulièrement apprécié que le roman soit écrit à la troisième personne du singulier et non pas une narration en « je », tout simplement car cela nous permet d’avoir une vision plus large sur les sentiments de chacun. Par exemple, si l’histoire avait été racontée par Lily, nous n’aurions qu’une vision étroite de ce que ressentent Marcus et Guillaume. De plus, leur passé serait beaucoup moins bien expliqué vu que nous ne saurions finalement que ce que ces derniers acceptent de dire à Lily.
Ici, avec la troisième personne, l’auteur peut basculer entre présent et passé pour revenir sur le passé d’un des personnages, ce qui est beaucoup plus intéressant et captivant ! 

Cependant, je regrette qu’il y ait quelques longueurs, quelques lourdeurs dans les descriptions. L’auteur aime les descriptions, elle me l’a dit mais vous savez que moi, c’est pas ma tasse de thé !

 J’ai trouvé que Cécilia passait énormément de temps à nous décrire en détail les vêtements que porte tel ou tel personnage, tel lieu. Certes, c’est important pour bien visualiser la scène, mais au vu du rythme de l’histoire, de la dynamique du roman qui rebondit tout le temps, j’ai trouvé que ces moments descriptifs faisaient ralentir le tout, parfois jusqu’à malheureusement déconcentré le lecteur du roman qui était jusque là subjuguer par l’incroyable histoire qu’on lui contait.

Néanmoins, malgré ce petit bémol, je me suis régalée avec ce style assez fluide. Malgré les descriptions et les petits ralentissements qu’elles engendraient, je n’ai pas vu le temps passer, les pages se tournaient toutes seules, plongée que j’étais dans la dynamique trépidante du roman et de ce style poétique qui le sert à merveille.

D. Conclusion.

Que vous dire de plus à part que ce roman est un véritable coup de coeur pour moi ! Je salue l’originalité du concept, il n’était pas aisé de « revisiter » la Genèse telle que nous la connaissons pour qu’elle colle à un mythe vampirique cohérent et riche. Et pourtant, Cécilia Corréia l’a fait avec brio ! 
Même avec le style trop descriptif à mon goût, je ne peux m’empêcher de mettre une note de 10/10 à ce roman qui mérite largement les éloges que je lis ça et là sur la toile et gagne à être connu, beaucoup plus connu !

Décidément, Rebelle, cette petite maison d’édition de l’imaginaire créée par Astrid Lafleur ne cesse de me surprendre et surpasse mes attentes avec ses publications toutes aussi originales les unes des autres.

Foncez, achetez, lisez, tombez sous le charme de cet univers incroyablement riche et à l’originalité surprenante ! Vous ne regretterez pas le voyage ! Avec notre trio, Lily, Guillaume et Marcus, c’est le dépaysement garanti !

J'en redemande !

Les points positifs :

  • Un univers fascinant mêlant un mythe vampirique revisité au regard de la Genèse !
  • Une mythologie très bien expliquée, chaque révélation est bien assimilée avant la suivante.
  • Une histoire qui bouge tout le temps, on n’a pas le temps de s’ennuyer vu qu’il se passe toujours quelque chose !
  • Des personnages bien fouillés, aux personnalités complexes.
  • Un style d’écriture très poétique, assez recherché.

Les points négatifs :

  • Un style un peu trop descriptif à mon goût. Les descriptions sont parfois longues et inutiles, s’attachant trop à des détails comme ce que portent les personnages secondaires.


Ma copine Fangtasia de True Blood Addict l’a lu en même temps que moi et l’a aussi beaucoup aimé. Retrouvez sa chronique ICI.

Pour d’autres avis, direction la fiche BBM du livre sur Livraddict : 

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Commentaires

  1. Hé bien tu en parles de belle manière. Tu m'avais déjà tout dis donc je suis déjà convaincue mais je pense que tu auras sur intéresser d'autres potentiels lecteurs. 24 février 2012 15:04

  2. Je n'ai lu ta chronique que dans les grandes lignes mais sache que je n'ai pas attendu de la lire pour craquer. Pour ça, ton dernier ou avant dernier C'est lundi, que lisez-vous a suffi et le livre a rejoint ma PAL la semaine dernière. J'ai hâte de pouvoir le lire. Et je pense que je pourrais apprécier Marcus aussi. ^^ Merci pour la découverte. 24 février 2012 16:45

  3. Bravo un livre de plus dans ma WL ! Vu tu chronique c'est la moindre des choses ! J'ai hâte de pouvoir le lire ! Merci :) 24 février 2012 21:22

  4. je pense que c'est le prochain livre que je vais lire !!!! merci pour tes chroniques elles sont géniales :) 29 février 2012 19:32

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8 May 2024 06:40