Le dernier hiver

Titre VF : Le dernier hiver

Auteur : Jean-Luc Marcastel (FR)

Publié aux Editions Hachette Jeunesse (Collection Black Moon)

Date de publication : 05 octobre 2011

Sites Web à consulter : Lecture academy

Genre : Jeunesse, Science-fiction

Pages : 450

Prix : 16 €

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Note



Quatrième de couverture.


Un ciel de sang.

De la neige à perte de vue.

Et une forêt de pins. Des pins qui dévorent tout.

Demain. L’Hiver engloutira le monde.

Johan refuse de s’agenouiller devant le sort.

Par amour, il décide de retrouver celle qu’il aime.

Par amour, son frère, Théo, va lui ouvrir la voie.

Par amour, ses amis laissent tout derrière eux pour l’accompagner.

Pour cela, ils devront pénétrer jusqu’au coeur des ténèbres…

Au coeur de leur propres ténèbres.

Mon avis.

Voilà bien un roman qui a su me surprendre à bien des égards. Déjà, on revient sur un thème qui me glace le sang : la fin du monde. Et puis, une histoire de pins vampires, cela a de quoi perturber, n’est-ce pas ! Et pourtant, au fil des pages, j’ai succombé… cela n’a pas été sans mal mais j’ai fini par me laisser aller… et pour cause !

Nous atterrissons dans un monde apocalyptique où suite au passage des débris d’une planète entre la Terre et le soleil, notre belle planète bleue se retrouve à l’ère glacière et où les hommes survivent tant bien que mal. De plus, pour ne rien arranger à une situation déjà difficile, une nouvelle sorte de pins vient à pousser partout sur Terre à une vitesse folle et évidemment vu que tout est gelé et que le soleil est caché, les pins ont trouvé une nouvelle façon de se nourrir : via le sang des hommes.

C’est dans ce contexte que Johan va décider de traverser la forêt de pins qui entoure Aurillac pour retrouver la fille qu’il aime, Léa, qui a déménagé avec ses parents à Bergerac.  Pour l’accompagner dans ce périple fou et dangereux, son frère, Théo, leur soeur de coeur, Fannie et leur ami, Khalid.

Alors, autant vous dire de suite, qu’au départ, je n’étais pas convaincue du tout. Après un prologue assez prometteur écrit à la première personne, je suis passée ensuite dans une histoire à la troisième personne dont le style d’écriture m’a quelque peu déstabilisée.

Que ce soit claire, je ne peux absolument pas critiquer le style d’écriture de Jean-Luc Marcastel en négatif : c’est très poétique mais voilà vous savez que les longueurs descriptives et moi, ça fait deux… surtout si on y ajoute des métaphores en veux-tu en voilà, j’ai vite déchanté simplement car en ce moment, j’ai besoin de légèreté tout simplement.

Mais voilà, j’avais envie d’aller au bout, de savoir si Johan allait retrouver sa Léa et la curiosité m’a fait persévérer… Et même si ce fut laborieux, je ne regrette absolument pas  parce que ce qui m’attendait à la fin du roman valait bien toutes les descriptions, toutes les métaphores du monde… et un seul constat : une TUERIE qu’il faut lire juste pour les idées que ce livre véhicule : criantes de vérité et de sincérité sur l’espèce humaine.

Parce qu’il va falloir s’accrocher les amis… avant de pouvoir découvrir la force de ce roman, il va falloir souffrir… Je vous rassure, je ne vous dit pas que les trois quart du roman ne sont pas bien, pas du tout ! J’ai aimé le voyage que j’ai fait en compagnie de Johan, Théo, Fannie et Khalid. Mais, outre le style descriptif, j’ai été assez choquée (déjà par les pins vampires, ce n’est pas très conventionnel, n’est-ce pas !?) par la tournure de certains évènements, j’ai trouvé ça parfois gros et peu réaliste… mais bon, on ne sait jamais ! Le fantastique a réellement une place dans ce roman et donc l’imaginaire qui va avec ! Après tout, si des amibes évoluent, pourquoi pas ! 😀

Par contre, là où je suis complètement conquise, c’est par la force du message de Jean-Luc Marcastel à propos de l’Humanité. L’auteur nous dépeint alternativement deux visions de l’Humanité assez contradictoires l’une et l’autre : autant l’une se veut rassurante et montre une Humanité qui s’entraide, qui tente de trouver des solutions civilisées dans un monde qui est redevenu austère et hostile, l’autre – par contre – s’attache à nous montrer l’Homme dans toute sa splendeur : sauvage, cruel et égoïste.

Ce roman est finalement assez sombre, assez noir dans sa vision de l’Humanité, même si toujours on garde une lueur d’espoir, on garde une sortie à ce tableau vraiment peu reluisant de l’image de l’Homme. L’homme est un loup pour l’homme, cette phrase n’a jamais été aussi vraie que dans ce livre qui m’a fait réfléchir, qui m’a bousculée dans mes habitudes, un roman qui m’a retournée, m’a fait pleurer tellement ses idées sont tellement effrayantes et vraies à la fois. On ne peut rester indifférent au message, on ne peut qu’acquiescer à la description qui est faite de l’Homme… de cet homme qui a peur, qui a perdu ses repères et veut survivre coûte que coûte, au détriment des autres, de son âme, de ses principes et aussi du bon sens. C’est le retour des prédicateurs de mauvaise augure, des ambitieux du pouvoir prêts à tout pour asservir ses semblables en leur faisant croire qu’ils ne veulent que leur bien… 

Côté personnages, par contre, je n’ai pas vraiment aimé celui de Johan. Entre sa personnalité et celle de Corbeau (une sorte de double qui prend le dessus quand Johan souffre, Corbeau n’aime pas, donc il ne souffre pas), j’ai trouvé que certains changements étaient trop brusques. Difficile d’en dire plus sans spoiler, ceux qui l’auront lu me comprendront sûrement…

De plus, étant assez froid et distant, il ne donne pas vraiment envie au lecteur de s’attacher à lui.

Par contre, ses trois comparses m’ont plus séduit. Théo, le frère protecteur, prêt à tous les sacrifices pour Johan, aller jusqu’au bout de ce voyage dangereux pour qu’il puisse retrouver sa belle, à s’effacer totalement au profit de ce dernier.

Fannie, malgré son côté exubérant, m’a séduit par sa façon d’aimer Johan en silence et surtout par sa franchise, sa détermination, son courage et sa vision de l’Humanité. Elle reste forte de ses principes, même quand il y va de sa vie. C’est vraiment le personnage le plus fort des quatre, surtout au niveau de la perception du monde dans sa globalité.

Enfin, Khalid, c’est juste LE personnage incontournable, celui qui apporte une dose d’humour, de légèreté dans ce monde de désespoir, apocalypotique. Et j’adore quand il parle de son grand-père et de ses babouches ! 😀

Au fur et à mesure, ils rencontreront des personnages assez peu sympathiques qui essaieront de les endoctriner dans une façon de vivre, de voir les choses, assez pessimiste de l’Homme : ce dernier ne serait qu’un mouton aisément manipulable qui prend plaisir à faire du mal à autrui… Oui, c’est pas faux, me direz-vous !
Ces rencontres avec ces personnages détestables sont pourtant essentielles au roman pour le message qu’il fait passer. Il faut les détester, écouter ce qu’ils ont à dire, se poser les bonnes questions…. voir que dans leur esprit tordu subsiste une vérité dérangeante sur notre Humanité et en tirer les bonnes leçons.

Au niveau du style de l’écriture, comme je l’ai dis plus haut, c’est évident très descriptif, très métaphorique et si peu qu’on ait pas l’habitude ou qu’on est besoin de légèreté, cela peut sembler dérangeant.

Mais il faut rendre ce qui est à César et avouer que l’écriture de Jean-Luc Marcastel est juste sublime, très poétique et nous plonge avec elle dans son univers particulier qui nous met tellement mal à l’aise. 


Il faut en avoir du talent pour faire passer par cette écriture toutes ses sensations de mal être, de peur, de doute, de fin… Il ne faut pas vous leurrer, entre dans cette lecture ne se fait pas sans difficulté et une fois dedans, on souffre avec les protagonistes… l’écriture nous détaille tellement ce monde si cruel, si inhospitalier que le lecteur se sent aussi vulnérable que les personnages, n’imagine pas une fin heureuse et voit s’envoler tout espoir au fur et à mesure de son avancée… le malaise est grand, je ne vous le cacherai pas, ce roman vous prend vraiment aux tripes… mais au bout du voyage, vous vous direz que ça en valait vraiment la peine.

En conclusion, j’ai vraiment aimé ce livre. J’ai pleuré à gros bouillon dans les dernières pages, les larmes étaient si lourdes, si grosses qu’il m’était impossible de déchiffrer les mots. Ce roman m’a vraiment bouleversée, quelle claque !


Certains se demanderont pourquoi je n’en ai pas fait un coup de coeur, alors ? Je me suis longuement questionné à ce sujet et même si effectivement, tout mon ressenti négatif avait disparu quand j’ai tourné la dernière page, je ne peux pas non plus ignorer que j’ai galéré sur le départ… ce serait vous mentir et surtout me mentir !


Cependant, je dois quand même ajouter que dans tous les romans jeunesse que j’ai pu lire cette année, celui-ci est peut-être le seul qui devrait DES A PRESENT figurer au programme des écoles pour sa qualité d’écriture et la profondeur du message qu’il tente de faire passer. Sans conteste, ce livre est à glisser dans toutes les mains et surtout les plus jeunes pour la réfléxion qui peut leur apporter sur le drôle de monde dans lequel nous vivons, indépendamment des éléments fantastiques ou apocalyptiques qu’il comprend.


Ce que je retiens de ma lecture 

EN + : Un message poignant, criant de vérité sur l’Humanité en général.
EN – : Un style assez descriptif et trop métaphorique à mon goût qui pourrait en refroidir certains.

Liliebook a également lu ce livre et l’a aimé ! Pour d’autres avis à venir, rendez-vous sur la page BBM du livre :

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Commentaires

  1. Ouaaw, ta chronique donne vraiment envie ! Et "celui-ci est peut-être le seul qui devrait DES A PRESENT figurer au programme des écoles", quel compliment !! Le style descriptif me fait un peu peur mais après toutes les bonnes choses que tu en dis, je crois que je vais me laisser tenter ! Je vais attendre qu'il neige pour être carrément dans l'ambiance lol (en plus, ça ne devrait pas trop tarder :p). Passe une bonne journée ! 28 octobre 2011 08:53

  2. "Il faut en avoir du talent pour faire passer par cette écriture toutes ses sensations de mal être, de peur, de doute, de fin…" => voilà pourquoi j'aime lire cet auteur. C'est exactement la même chose dans "Louis le Galoup". Je compte bien lire "Le dernier hiver" et me laisser porter par tout ce que l'écriture de Jean-Luc Marcastel dégage. 28 octobre 2011 09:05

  3. Voilà encore un roman ajouté de plus à ma wish-list (en plus, on arrive bientôt à la période concernée, donc ce sera parfait comme lecture !) Merci pour cette chronique Jess^^ 28 octobre 2011 09:58

  4. Une chose est certaine... si le résumé et la quatrième de couverture ne me donnent pas du tout envie de lire le livre, ton avis, par contre, a aiguisé ma curiosité ;) à tenter, donc :) merci pour cette chronique. 28 octobre 2011 13:17

  5. Tu m'a vraiment convaincu de lire ce livre avec ta chronique ! 31 octobre 2011 00:16

  6. Je viens de l'acheter. Je reviendrai donc lire ta chronique une fois que je l'aurai lu. J'avoue que je ne sais pas trop à quoi m'attendre. Je dirai même qu'il me fait un peu peur mais je suis curieuse et j'ai hâte de le commencer. 1 novembre 2011 20:03

  7. Même si ta chronique me donne envie, je ne sais pas .. J'ai pas vraiment envie de pleurer et d'avoir les tripe qui se retourne devant une vérité si criante comme tu nous le dit . Pour moi, lire un livre, c'est pas pour me retrouver dans la vrai vie, même si c'est du Fantastique et qu'il y a des Pins Vampires dedans contrairement à la vrai vie. Ca me fait vraiment peur de comprendre le message que tu dis qu'il fait passer et de comprendre réellement dans quelle monde ont vie. M'enfin, des fois il faut savoir dépasser ses peurs pour faire des découvertes qui en valent vraiment le coup, donc peut être que je me laisserais tentée dans un futur plus ou moins proche. :) 12 novembre 2011 15:22

  8. Déjà lu quelques critiques sur ce livre, des bonnes, des partagées. J'ai très envie de le lire pour me faire mon idée. En tout cas l'univers me plairait beaucoup, j'en suis sûre. 15 novembre 2011 18:12

  9. mon coup de coeur de cette fin d'année , un ouvrage plein d'espoir dans l'humanité !!! Le sourire et la disponibilité de l'auteur lors du salon y est sans doute pour quelque chose aussi . 11 décembre 2011 21:13

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