Troisième Humanité, tome 1

Titre VO/VF : Troisième Humanité (tome 1)

Auteur : Bernard Werber

Publié aux Editions Albin Michel
Date de publication : 03 octobre 2012

Genre : Contemporain

Pages : 584

Prix : 22,90 €
Commander sur amazonTroisième Humanité

Note

Quatrième de couverture

Nous sommes à l’ère de la deuxième Humanité.
Il y en a eu une avant.
Il y en aura une… après.


Mon avis

Un nouveau Werber qui sort en librairie, c’est toujours pour moi un grand évènement. Je lis l’auteur depuis plus de 12 ans et mis à part quelques déceptions (nommons-la, il s’agit de La trilogie des Dieux), j’ai toujours beaucoup apprécié l’originalité de ses romans, les thèmes abordés, la diversité des sujets et les enseignements qu’il convient d’en retirer. Bref, l’ami Werber est l’un de mes auteurs préférés et chaque nouvelle sortie me met dans tous mes états, surtout que celle-ci s’est fait attendre pendant 2 ans, alors que l’auteur nous avait habitué jusqu’ici à sortir un livre par an, à chaque mois d’octobre.
La nouvelle trilogie de mon auteur fétiche aura-t-elle su me convaincre ? Je vous dis tout tout de suite ! 

L’Humanité est très mal engagée pour l’avenir. Il convient en effet de constater que si l’on ne modifie pas nos habitudes rapidement, nous courrons vers notre perte. Natalia Ovitz, chargée d’une section secrète de la Défense française, a beaucoup réfléchi à l’avenir de l’Humanité et sur les 7 possibles futurs de l’Humanité, seuls 2 semblent conduire à la survie de l’espèce humaine : la voie de la féminisation et la voie de la miniaturisation, deux projets menés par deux scientifiques, respectivement Aurore Kammerer et David Wells. Elle décide de les réunir afin de trouver au plus vite une solution pour sauver l’Humanité, car il semble qu’une des futurs non envisageables pour l’Humanité, la voie mystique (ou projet religieux totalitaire), progresse plus vite que les autres…

*****

Voilà un récit qu’il me tardait de lire !
Comme je vous l’ai dit en intro, Bernard Werber, c’est un peu mon auteur préféré depuis plus de 12 ans. J’ai dévoré tous ses livres (sauf Le papillon des étoiles qu’il me reste encore à découvrir), certains sont devenus pour moi des livres incontournables (notamment Les Thanatonautes qui m’a vraiment beaucoup appris et notamment à relativiser autour d’un sujet qui m’est tabou), d’autres ont été de grosses déceptions (comme La trilogie des Dieux dont le dernier tome m’a vraiment mise en pétard contre l’auteur, je trouve que ce dernier tome fout toute la saga en l’air et est trop narcissique). Depuis Le Miroir de Cassandre et Le rire de cyclope, je commençais à « pardonner » à Werber la grosse déception des Dieux, mais avec ce premier tome de Troisième Humanité, j’ai carrément l’impression de retrouver mes amours du départ et rien que pour ça, je lui attribue une note coup de coeur.

Bien sûr, le roman n’est pas except de quelques défauts dont je vais vous parler dans cette chronique mais globalement, j’ai vraiment aimé la réflexion de l’auteur sur l’avenir de l’Humanité. Il pique vraiment là où ça fait mal, nous confrontant à notre manière de vivre, d’épuiser notre Terre et de nous conduire nous-même à notre propre fin.
C’est très bête en fait, car Werber ne nous dit rien de plus que ce que nous savons déjà mais de voir toutes ces petites choses que nous savons mais que nous n’appliquons quand même pas mises l’une à côté de l’autre dans ce pavé de 500 pages, ça permet une grosse prise de conscience et surtout de flipper un beau coup.
Ajoutez à cela le rapport qui vient de tomber il y a une ou deux semaines qui précise que si nous ne changeons rien, la température de la terre va augmenter de 4° d’ici 2060, et vous comprendrez qu’il est vraiment temps d’agir !

La première chose qui m’a énormément plu à la lecture du roman, c’est la voix donnée à notre planète Terre. Pensez-vous que celle-ci n’a rien à dire et approuve notre manière de nous comporter ? PAS DU TOUT !!! Et dans ce roman de Werber, Gaïa ne se prive pas pour nous dire qu’elle en a assez que l’Homme ne cesse de puiser dans ses ressources, sans JAMAIS rien lui rendre. 
Par le biais de ce monologie de Gaïa, Werber s’en donne à coeur joie pour exprimer de manière plus directe la façon dont il voit ses congénères. Quelques extraits choisis :

« Les humains peuvent-ils évoluer ?
Parfois, ils m’inquiètent.
Dois-je les aider ou les laisser livrés à leur propre sort. »
(page 15)


« Sept projets d’évolution liés à sept visions du futur.
Mais il en manque une huitième : la voie où l’humanité se réconcilierait avec moi. Celle où les humains passeraient du stade de parasites nuisibles égoïstes à celui de partenaires respectueux.
Ah ça, pour s’allier à des machines qui font semblant d’être intelligentes ou à un dieu imaginaire ; vivre indéfiniment, tellement ils sont fiers et satisfaits d’eux-même ; (…) ou augmenter la consommation de mes matières premières, ils sont toujours partants et enthousiastes, mais protéger leur planète des dangers qui la menacent, cela ne les effleure même pas une minute. Même les soi-disant écologistes ne songent pas à proposer un contrôle de la croissance démographique. Ce sujet est tabou alors que ce serait le seul acte d’intégration réellement harmonieuse au milieu dans lequel ils vivent. »
(page 104)


Toutes les réflexions de l’auteur vont dans le sens de la prise de conscience, de la réflexion sur nos habitudes, sur l’environnement et sur le fait que l’humanité est sans doute la seule espèce de cette planète qui fait ce qu’elle veut sans se soucier de l’équilibre de la planète.  Il suffit de regarder les actualités pour apprendre que depuis le mois de septembre de cette année, nous avons déjà dépassé les seuils d’épuisement des ressources de la planète, depuis septembre et jusqu’en décembre, nous vivons « à crédit » sur le dos de la Terre. L’année prochaine, ce seuil sera atteint bien avant septembre et ainsi de suite. Quid de l’avenir ?

Nous sommes ici les seuls à faire des enfants sans se soucier de savoir si nous ne sommes pas trop nombreux finalement. Avec l’amélioration de la science, les gens vivent de plus en plus vieux et nous guérissons de plus en plus de graves maladies. Mais le juste corollaire de cela ne serait-il pas de contrôler un peu les naissances ? Nous sommes près de 7 milliards d’humains sur cette planète, on annonce le double, voir le triple pour les 20 – 30 prochaines années…. Où nous arrêterons-nous avant de comprendre ?

« – En fait, après l’épidémie, il semble qu’il y ait eu un babyboom, comme si la mort de millions de personnes avait donné une sorte de « réflexe de survie collectif de l’espèce ». Une envie de compenser les pertes, ou tout simplement, si vous me permettez, Lucienne, une soif d’amour après tant d’évènements déprimants. Il y a eu un pic de natalité. Les 6 milliards d’humains restants ont donné naissance à… 100 millions de bébés, au lieu de 20 millions annuels habituels. Si bien que sur deux ans, cela a déjà donné 200 millions d’enfants, comme pour compenser le déficit causé par la catastrophe. Les prospectivistes pensent que nous allons retrouver le nombre initial de 8 milliars d’individus d’ici dix ans seulement.
(…)
Le malheur et le bonheur de l’humanité, c’est qu’elle oublie vite les blessures qui la frappent pour poursuivre sa route comme avant l’incident. » (page 451)

On peut aussi mentionner le fait qu’il est facile de consommer, de profiter du confort que nous procurent nos petites habitudes, le fait par exemple de pouvoir se faire livrer à domicile des plats tout préparés ou de les acheter au magasin et n’avoir plus qu’à les cuire avant de les manger. Mais nous posons-nous les bonnes questions, savoir d’où viennent ces petites choses du quotidien qui nous procurent tant de plaisir, comment ils sont fabriqués, avec quoi, si ce n’est pas ridicule d’user bêtement des ressources pour si peu ?

« – Nous avons actuellement une demande accrue en baguettes jetables pour les restaurants japonais.
– On détruit ces arbres pour faire des… baguettes jetables ?
– Ah, c’est toujours pareil avec vous les Occidentaux, vous voulez bien consommer mais sans savoir d’où ça vient. Nous les bantous, nous sommes moins hypocrites. Les hamburgers, on sait que ce sont des vaches qui ont été égorgées, les nuggets, des poulets qui ont été électrocutés, le caviar, des oeufs volés à une mère esturgeon. Et les mouchoirs et les baguettes jetables, c’étaient des arbres. » (page 120).

Bref, comme vous pouvez le constater par les quelques extrait retranscrit, la réflexion sur l’Humanité est assez intense. Personnellement, j’ai été très touchée par la lecture du roman et par ces moments où je prenais conscience de la réalité des propos de l’auteur. Comme je le disais, toutes ces choses je le savaient déjà mais nous ne faisons rien pour changer. Parce que changer, c’est difficile et que nous sommes habitués à nos petites habitudes, à notre confort et à avoir tout à disposition rapidement sans devoir lever le petit doigt pour aller les chercher.
Mais quel avenir s’offre à nous et surtout quel avenir allons-nous offrir à nos enfants ? Parce que si nous payons déjà le prix fort actuellement avec une crise économique qui n’en finit pas, l’avenir que nous leur réservons à leur léguer cette planète souffrante n’est-il pas bien pire que la situation déjà catastrophique que nous vivons actuellement ?


Je sais que j’ai pris beaucoup de temps dans cette chronique à vous parler de toute la réflexion reprise dans le roman, mais le message a été tellement fort pour moi que je ne pouvais pas passer à côté et me devait de vous en parler longuement. Et je me dis que même si chacun à notre échelle nous ne pouvons pas y changer énormément, peut-être que le cumul de tous nos petits efforts peut aboutir à quelque chose. Je réfléchis toujours aux pistes sur lesquelles je vais travailler pour contribuer à mon petit niveau à faire attention, après tout nous devons bien cela à notre bonne vieille Terre.
Pour moi, ce serait notamment faire attention aux radiateurs et me couvrir d’un pull plutôt que de mon mettre à mon aise en t-shirt avec un radiateur à fond ou encore de faire attention à la quantité de papier que j’utilise au bureau afin de réduire le papier gaspillé. Il y a des efforts à faire dans beaucoup d’autres domaines, mais j’essaierai vraiment à partir de maintenant de faire attention. 

Pour en revenir à l’intrigue, je dois dire que je l’ai trouvée très originale, assez audacieuse, comme d’habitude avec Werber. Elle se mêle parfaitement à la réflexion qui accompagne le roman. 

Par contre, il y a une petite chose qui m’a chiffonnée en lisant le roman, c’est l’aspect fantastique de l’histoire. J’ai eu un peu de mal à l’intégrer dans cette réalité bien ancrée de notre quotidien. Imaginer que nos ancêtres était des géants de 17 m de haut et que notre avenir va vers le rétrécissement, j’ai trouvé que c’était un peu trop tiré par les cheveux !

Mais comme d’habitude avec Werber, même si c’est complètement fou, sur le moment ça me semble tout à fait plausible ! Il m’embarque avec lui dans son univers aussi facilement que Jack arrive à me convaincre à le prendre dans les bras, même si je suis devant l’ordi en train d’écrire une chronique (en général, comptez que je résiste au mois 10 secondes avant de céder… Oui, oui, je suis faible mais c’est pas de ma faute si mon chien est le plus beau chien du monde et qu’il me fait craquer quand il me fait sa tête de chat potté !). 

Je sais que je ne vous lâche rien sur l’intrigue, mais étant donné que la quatrième de couverture reste assez basique, je préfère vous laisser tout découvrir comme j’ai pu le faire 🙂

Je ne parlerai pas des personnages, même si je les ai trouvés bien sympathiques mais ce n’est vraiment pas le plus important. Ils sont agréables à suivre et il n’y en a pas un qui m’a particulièrement rebuté. De plus, étant donné que c’est une trilogie, je pense que j’aurais le temps d’y revenir par la suite.

Niveau de l’écriture, je n’ai rien à critiquer, j’ai toujours aimé le style de Werber à la fois simple et pédagogique. Simple car il va toujours droit au but sans s’encombrer de descriptions longues et inutiles et pédagogique car il arrive à vulgariser des informations sur à peu près tous les sujets entre chaque morceau d’histoire.
Le roman est écrit à la troisième personne, sauf les passages où la Terre elle-même devient la narratrice (en italique). 


Conclusion

En bref, j’ai eu vraiment l’impression de me replonger dans les Werber du début, quand j’ai découvert Les Fourmis, Le père de nos pères ou Les Thanatonautes. Même si l’intrigue m’est apparu un peu tirée par les cheveux, la réflexion sur l’Humanité m’a complètement scotchée, m’a fait prendre conscience de manière très forte de toutes ces petites choses que je savais déjà.
Mon seul souhait est que la trilogie continue sur cette lancée et ne devienne pas une grosse déception comme la trilogie des Dieux. Vivement le tome 2 !


Les points + :

  • Une réfléxion sur l’Humanité assez complète, qui met vraiment le doigt sur ce qui fait mal mais tellement vraie, tellement intense qu’elle m’a vraiment marquée ;
  • Une style d’écriture toujours aussi percutant alliant la simplicité de l’écriture à un côté pédagogique quand il s’agit de vulgariser des informations venues de tout horizon ;
  • Une intrigue qui m’a séduite par son originalité et qui sert parfaitement le message du roman ; 

Les points – :

  • Une intrigue dont le côté fantastique est un peu tiré par les cheveux, même si sur le moment, Werber pourrait me faire gober n’importe quoi !
  • Le fait que l’auteur parle toujours de ses anciens romans… après avoir vu ce procédé TROP utilisé dans les Dieux, je n’arrive plus à supporter que l’auteur face référence à ses anciens romans, même si l’intrigue le justifie.


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Commentaires

  1. Merci beaucoup pour cet avis Jess. J'avoue que j'ai un peu laissé tomber cet auteur depuis quelques années. Mais là tu me redonnes envie de le découvrir (surtout avec ce roman-ci). Et pleins de caresses à ton assistant de rédaction à poils ;) 3 décembre 2012 14:56

  2. La fluidité de vos commentaires et l'objectivité qui en découle est le petit plus qu'il me manquait pour me replonger dans "le monde" Werber. Merci pour votre article, et très bientôt dans une troisième humanité... 21 janvier 2013 21:08

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