Loup, y es-tu ?

Titre VF : Loup, y es-tu ?
Auteur : Henri Courtade
Publié aux Editions Mille Saisons
Année : 2010
Pages : 344
Quatrième de couverture.
Et si les êtres maléfiques des contes de notre enfance existaient réellement?
Sans doute ces créatures vampiriseraient-elles notre planète. Elles seraient de tous les génocides, manipuleraient les plus grands dictateurs. Bref, tapies dans l’ombre d’Hitler ou sous le feu des projecteurs des plateaux télé, elles auraient entre leurs mains expertes le devenir de l’humanité.
Sinistre tableau !
Si de tels êtres vivaient, il serait à souhaiter que leur alter ego bienfaisant existe également. Qu’en ce début du XXIe siècle, ces personnages merveilleux s’éveillent et décident de se battre.
Et alors, qui sait de quel côté la balance pencherait…

Mon avis.
Cela fait un petit moment que j’avais envie de découvrir ce livre. En fait, surtout depuis que les Editions Mille Saisons et l’auteur Henri Courtade se sont inscrits sur Livraddict pour parler des nouveautés de la maison d’édition, et en particulier de ce livre…
Puis, j’ai eu le grand plaisir de rencontre Aurélia (l’éditrice) et Cécilia (chargée presse) au Salon du Livre Jeunesse à Namur où elles ont la gentillesse de m’offrir un exemplaire en dépeignant un tableau qui ne pouvait que me donner envie de me plonger dans le récit.
Et voilà, c’est chose faite et je vous dévoile de suite mes impressions !
Ce livre est une très belle surprise. Autant pullulent les sagas jeunesse tournant autour du monde de la magie, des vampires et des garous, autant ici j’ai été séduite par le côté totalement innovant du récit qui nous offre une relecture plus qu’originale des contes de fées qui ont bercées notre enfance.
Blanche Neige, Cendrillon, le Chaperon Rouge et la Belle au Bois Dormant sont « réactivées » dans les années 2000 pour contrer la force maléfique de Marilyn Van Sydow, un être diabolique qui prend possession de notre monde grâce à la guerre et aux médias et qui est en réalité la méchante marâtre de Blanche Neige qui jalouse sa beauté.
Dès lors qu’elle comprend que les demoiselles se sont réveillés, elle va tenter de les assassiner une par une grâce à l’aide de son pseudo ami, le Grand Méchant Loup.
Si elle est bien consciente de sa véritable identité, les filles – par contre – ignorent tout de leur passé de princesse de conte et vont devoir – grâce aux Nains – recouvrer petit à petit leur mémoire pour tenter d’anéantir une fois pour toute le Mal, soit Marilyn.
Au delà de cette relecture très libre des contes de fées, j’ai beaucoup aimé l’enseignement qu’Henri Courtade essaie de faire passer aux jeunes lecteurs à travers ce récit.
Il faut en effet savoir qu’au delà de la « gueguerre » habituelle que se livrent les Forces du Bien contre celles du Mal, Henri Courtade raconte l’histoire des Nains qui – tout comme Marilyn – ont continué à vivre dans le monde jusqu’à ce jour et donc ont traversé les atrocités que l’humanité a pu faire durant des siècles et en particulier l’ignominie du régime nazi d’Hitler et des camps de concentration. Et là, il ne s’agit plus de fiction mais de passer un message aux générations actuelles et futures pour que jamais on n’oublie ce qui s’est passé alors et que jamais une telle horreur ne se reproduise.
De même, en dépit du fait que Miss Van Sydow représente le Mal incarné, il faut bien admettre que son discours n’est pas totalement dénoué de discernement et qu’on retrouve bien la société d’aujourd’hui à travers ses paroles :
(Dialogue en Marilyn et Virginia, alias le petit chaperon rouge à la page 284. Marilyn est la première à parler)

– Oh, je sais ce que vous pensez, reprit-elle, je ne suis qu’une narcissique qui a les moyens de se faire admirer. En cela au moins, je ne diffère guère du commun des mortels.

– Vous avez une étrange vision de la nature humaine.

[…]

– Cette naïveté ne vous sied guère. Ne me faites surtout pas croire que vous n’avez jamais connu ce sentiment ! Vous avez travaillé durement pour monter sur les podiums des défilés de mode du monde entier, entendre le crépitement des flashs, ressentir l’ivresse de la gloire au lieu de rester tranquillement à coudre dans votre cuisine.

– Je ne nuis à personne en créant des vêtements.

[…]

– En êtes-vous certaine ? Avez-vous songé un instant aux gamines qui rêvent de porter vos robes, qui se font vomir pour ressembler à vos mannequins ? Ces mêmes enfants qui meurent parfois de leur anorexie et qui vous adulent. Nous sommes tous jaugés par ce qui nous entourent, que vous le vouliez ou non.

– Je ne les manipule pas pour autant.

– Fadaises ! Vos canons de beauté seront ensuite les leurs. Pourquoi vos robes ne sont-elles pas conçues pour être portées par des mannequins de soixante-dix kilos ?

Virginia ne trouva rien à rétorquer.

J’ai beaucoup aimé les personnages du récit, préférant Albe (alias Blanche Neige) que j’ai trouvé particulièrement touchante tout au long du récit, aussi bien dans sa vie passée qu’actuelle. Sa rencontre avec le soldat Snösen lors de la libération – qui deviendra par ailleurs son papa adoptif – est vraiment touchante d’émotion.
Par contre, j’ai beaucoup moins accroché avec Virginia que j’ai trouvé assez superficielle (bon, elle travaille dans le monde de la mode aussi…) et son côté « dévoreuse d’hommes » m’a quelque peu gênée. Même si on parle d’un relecture de conte de fées avec des demoiselles bien incarnées dans notre époque, pour moi, elles devront rester les modèles de vertu qu’elles sont dans les contes (eh oui, mon côté prude et fleur bleue encore !)
Concernant Cendrillon (Cindy Vairshoe… j’adore ce nom !), je l’ai trouvé assez naïve et pas du tout représentative de son alter ego des contes de fées (la vraie Cendrillon quoi !) et La Belle au Bois Dormant (Isabelle) assez bourgeoise et guindée malgré sa volonté de vouloir partir à l’étranger pour raison humanitaire.
Les Nains sont également des personnages très attachants et leur histoire m’a vraiment émue. J’aime beaucoup lire des récits sur fond de l’époque nazie, pas que je sois fan du régime en question hein, mais justement vu que je n’ai pas connu cette horreur, je ne veux jamais l’oublier et donc lire de temps en temps un récit – réel ou fictif – me semble une bonne façon d’y parvenir.
Le loup et le Traqueur restent des personnages très complexes et vraiment difficiles à cerner qui vous réservent par ailleurs des belles surprises ! Marilyn campe, quant à elle, une sorcière parfaitement diabolique qui m’a fait pensé plusieurs fois au personnage de Miranda Priestly dans Le Diable s’habille en Prada, un roman chick-lit de Lauren Weisberger, mais en pire bien sûr !

Je ne connaissais pas du tout Henri Courtade avant de lire ce roman, et je compte bien suivre l’auteur dans ses publications jeunesse (espérons qu’il y en ait d’autres !) car son écriture est vraiment exceptionnelle. Le style est vraiment agréable à lire, c’est vraiment écrit comme un conte de fées des temps modernes !
Les descriptions sont vraiment vivantes, le récit nous transporte entre passé et présent et pour finir, l’auteur nous délivre en fin de roman les révélations – qui reprendront aux questions qu’a pu se poser le lecteur au cours de sa lecture – sans pour autant que ça dénote dans l’apothéose du final !

La couverture du récit est vraiment magnifique et donne immanquablement envie de prendre le livre en main pour le dévorer ! De même, on notera un soin tout particulier apporté à l’esthétique de la mise en page et à l’illustration de la pomme croquée qui accompagnait chaque début de chapitre !

En conclusion, j’ai passé un très agréable moment de lecture avec ce roman, regrettant finalement que ce soit déjà fini 🙁
J’ai apprécié cette redécouverte originale de mes contes de fées préférés et regrette cependant le choix de l’auteur concernant deux des quatre demoiselles en début de récit. Dès les premiers chapitres, ça m’a vraiment fichu un sacré coup au moral…

Ce que je retiens de ma lecture :

  • Le Plus ? L’originalité du récit et l’intelligence avec laquelle l’auteur revisite des classiques intemporels.
  • Le Moins ? Les premiers chapitres qui m’ont semblé un peu trop brutaux alors qu’on est sensés être dans un univers de conte… et la personnalité du Chaperon Rouge, un peu trop volage à mon goût !
  • La Note ? 9/10

Je remercie très chaleureusement Aurélia et Cécilia des Editions Mille Saisons pour leur confiance et pour le superbe cadeau qu’elles m’ont fait en m’offrant ce livre au salon.

NB : Si jamais vous passez par ici, Cher Monsieur Henri Courtade, j’ai une petite question pour vous… L’emploi du conditionnel mis volontairement dans les 2 dernières pages du roman où vous évoquez l’impossibilité d’écrire une fin malheureuse (ben oui, c’est un conte de fées après tout !), en précisant tout de même ce qui aurait pu se passer si jamais… c’est pour nous faire miroiter un second tome ou alors juste pour jouer avec le coeur de vos lecteurs qui se poseront toujours la question : Oui, mais si…. ? 😀

Commentaires

  1. Je passe par ici, chère Jess, pour vous remercier de cette belle et exhaustive critique de mon roman !
    Quant à la fin... Eh bien...
    Elle a deux sens. Le premier est évident : laisser le choix au lecteur, comme vous l'avez dit (pas question de faire une suite, une aventure collatérale pendant la seconde guerre mondiale ou au moyen-âge pendant que les héroïnes étaient toutes éveilllées et les sorcières, actives, pourquoi pas ? Bien que cela ne soit pas du tout à l'ordre du jour).
    Le second sens est dans la droite lignée de mon fil conducteur : si l'on cesse de veiller, la bête immonde peut ressurgir à tout moment...
    A nous de rester vigilant donc !
    Voilà.

    Quant au prochain roman, lady R. qui peut se lire à partir de 13 ans, il s'agira d'une romance médiévale au temps d'Aliénor et de Richard coeur de lion, avec des félons, de beaux chevaliers, des héros au coeur noble et courtois, des Templiers et des organisations secrètes, mais surtout avec une jeune héroïne romantique à souhait, Lady R. précisément !
    Les amatrices de romantisme seront comblées, car c'est précisément ce que je voulais obtenir ici (bien sûr, il y aura aussi de l'action, des émotions, des pleurs...), mais c'est avant tout des belles histoires d'amour que je voulais mettre en scène.
    Le jury du magazine Géo ne s'y est pas trompé, puisque mon roman est finaliste du prix littéraire organisé par la revue !
    A bientôt donc pour plus de 600 pages de nouvelles aventures (plus fleurs bleues et légères, celles-là, promis), dès mars 2011, en fait.
    Je vous tiendrai au courant, bien sûr ! 14 novembre 2010 23:54

  2. je n'ai fait que survoler ton avis car il ne devrait plus tarder à atterrir dans ma BAL , en ce début de semaine normalement ...
    mais j'ai vu ton enthousiasme , ce qui me rend encore plus impatiente 15 novembre 2010 08:34

  3. il est dans ma pal, je vais me régaler :) 15 novembre 2010 09:01

  4. en effet, ça a l'air super innovant !! Bravo, tu as réussi à me donner envie de lire !!! pff ! 15 novembre 2010 11:14

  5. J'ai bien envie de tenter cette lecture ! =)
    Je vais le mettre dans ma LAL ^^ 15 novembre 2010 12:15

  6. Je suis contente de lire de si bons avis concernant ce roman que j'ai particulièrement adoré. Pour moi, Loup, y es-tu ? est un véritable coup de coeur 2010 !

    A bientôt sur Livraddict ! 15 novembre 2010 16:57

  7. Il est déjà dans ma wish-list et ton avis me donne encore plus envie de le lire ! 15 novembre 2010 21:42

  8. J'adorerais lire ce livre et ton avis me donne encore plus envie ! 16 novembre 2010 20:03

  9. J'ai bien envie de le découvrir aussi. :) 17 novembre 2010 16:01

  10. Dès qu'il y a des contes de fées, ça me tente. Il y a longtemps que je ne suis pas allée en librairie (suis devenue trop sage), je me demande s'il est disponible sur mon continent! 18 novembre 2010 23:11

  11. @Karine : Mille Saisons est une petite maison d'édition qui n'est pas encore (malheureusement) distribué via amazon.fr... Il faut commander directement sur le site de l'éditeur. 19 novembre 2010 11:32

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