La trilogie berlinoise, tome 3 : Un requiem allemand

Je viens de terminer la trilogie berlinoise et il me tarde déjà de m’y replonger et de retrouver mon personnage « polar » préféré, à savoir Bernie ! Plus de 10 ans après avoir écrit cette fameuse trilogie, Philip Kerr remet le couvert avec un quatrième livre, La mort, entre autres, qui se déroule deux ans après la fin du tome 3. Mais en attendant, mes impressions sur ce troisième tome !

Quatrième de couverture.

La Deuxième Guerre mondiale a pris fin mais l’Allemagne de 1947 étouffe sous la pression des Alliés qui se partagent Berlin. Le marché noir est roi, l’espionnage aussi. Bernie Gunther, redevenu détective privé, se voit alors engagé par un colonel du renseignement soviétique pour sauver de la potence Becker, un de ses anciens adjoints du temps où il était Komissar. Celui-ci se déclare innocent d’un meurtre qui ressemble fort à un coup monté. A Vienne – où Becker est détenu – comme à Berlin, c’est la valse des espions et la valse des identités, certificat de « dénazification » en main. Coincé entre les intérêts américains, les intérêts russes et la volonté de sauver sa peau, Bernie Gunther va devoir se prouver que le front de l’Est ne lui a rien fait perdre de ses qualités d’avant guerre.

Mon avis.

Contrairement aux deux premiers tomes, celui-ci se déroule après la guerre. Nous sommes en 1947 et l’Allemagne n’est plus… Totalement dirigée par les Alliés qui ont du mal à « collaborer » ensemble en raison d’idéologies politiques aux antipodes l’une de l’autre (Américains, Anglais et Français d’un coté et Russes de l’autre), la reconstruction après guerre s’avère difficile et le climat régnant sur Berlin électrique.

« Fin 1947, Berlin ressemblait encore à une acropole en ruine, ou à quelque énorme mégalithe témoignant des ravages de la guerre et des dégâts causés par 75.000 tonnes d’explosifs de forte puissance. Les destructions infligées à la capitale de Hitler étaient sans précédent : une dévastation à l’échelle wagnérienne, le Ring réduit en poussière – les derniers feux du crépuscule des Dieux. (page 669)« 

Encore cette fois, j’ai pu en apprendre un peu plus sur cette période trouble de l’Europe, sur la façon dont les Alliés ont « repris l’Allemagne en main » (processus de dénazification,…).

À plusieurs reprises, j’ai pensé que, pour les allemands, entre le nazisme de Hitler et le communisme de Lénine et Staline – vu ce que j’ai lu de la période avant guerre – les deux se valaient bien : les soldats rouges pensent avoir le droit de violer les femmes allemandes et de demander aux allemands des « cadeaux » (entendez par là, qu’ils étaient purement et simplement raquetés), les camps russes…
Dans ce troisième opus, on sent bien que les idéologies tellement différentes entre les pays Alliés vont amener d’autres tensions, surtout en ce qui concerne le contrôle de la ville de Berlin, prémisses d’une guerre froide qui amènera une dizaine d’années plus tard à l’édification du mur de Berlin.
D’ailleurs, dans ce tome, l’action est déplacée dans un pays qui est seulement « contrôlé » par les Alliés et non dirigé comme l’Allemagne : l’Autriche qui est perçue par ces derniers plus comme une nation victime du nazisme plutôt que complice.

L’histoire met beaucoup plus de temps à se développer que dans les deux tomes précédents, en tout cas tel a été mon ressenti pendant la première partie du récit où j’ai trouvé qu’il ne se passait rien…
Par contre, la seconde partie du récit est plus rythmée, plus haletante et débordante d’un suspens tellement fort qu’on aura du mal à lâcher le libre jusqu’à la fin.
J’ai vraiment beaucoup aimé cette seconde partie riche en révélations.

Niveau personnages, Kerr met encore en scène des personnages historiques comme le chef de la Gestapo allemande, Heinrich Müller, présumé mort en 1945, et pourtant ! L’intrigue autour du personnage était rondement menée, mêlant fictif et réalité comme à son habitude.
On retrouve notre Bernie, qui cette fois, va vraiment se mettre dans de sales draps, un peu moins coureur de jupons, quoique…
Il est marié dès le début du récit. Mon seul regret est que l’auteur n’ait pas pris le temps de poser cette relation en expliquant comment Kristen et lui se sont rencontrés, par exemple.
Dommage, car à cause de cette absence de détail, je n’ai pas cru une seconde à cette relation où le couple ne se voit pas souvent et assez volage, l’un et l’autre n’hésitant pas à aller voir ailleurs !

Au niveau de l’écriture, encore une fois, je n’ai rien de plus à ajouter que ce qui a été dit pour les deux précédents tomes. À part peut-être la longueur des descriptions, que j’ai trouvé lourdes parfois, surtout quand on venait à parler des différentes organismes (américains ou russes), j’ai été un peu perdue, par moments.

Bref, je suis vraiment ravie d’avoir découvert cette trilogie. Je pense que sans le prix des lecteurs du Livre de Poche, je serais sans doute passée à côté (1015 pages, ça fait peur quand même !).
J’ai hâte de me plonger dans le tome 4 écrit plus de 10 ans après, j’espère que Bernie (même s’il n’aura pris que 2 ans dans la narration) saura toujours me faire vibrer autant !

Note finale : 9.2/10

  • Histoire/trame : 9.3/10 (j’ai beaucoup aimé cette vision des choses de l’autre côté, soit après la guerre. Le comparatif avant/après est très intéressant)
  • Personnages : 8.7/10 (même si je regrette l’absence d’informations sur le couple Kristen/Bernie)
  • Écriture : 9.5/10 (quelques longueurs en première partie du roman, totalement balayée par la seconde partie et j’ai beaucoup aimé le fait que certains dialogues soient écrits en russe (avec traduction entre parenthèses), ça donnait beaucoup de réalisme à l’histoire)
Je remercie le Livre de Poche pour la confiance qu’ils m’ont accordée dans le cadre de ce Prix des Lecteurs 2010 « polar » !

La trilogie berlinoise, tome 3 : Un requiem allemand (Titre VO : A German Requiem))
Publié en 1994 par les Éditions du Masque, puis en intégrale auprès du même éditeur en 2008. Sortie au Livre de Poche en janvier 2010.
1015 pages pour la trilogie intégrale au format poche

Commentaires

  1. Bon, tu ne fais que confirmer mon envie de le lire !!! j'en salive d'avance !
    Belle critique, comme toujours... 27 février 2010 18:01

  2. J'ai failli l'acheter mais je l'ai reposé en me disant que ce n'était pas raisonnable ! Mais ton avis me donne envie de le lire ! 25 mars 2010 15:38

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