84, Charing Cross Road

Pour la première lecture de mon challenge Livraddict, j’ai décidé de lire ce court roman épistolaire qui avait recueilli les faveurs de plusieurs livraddictiens.
Alors, conquise ?

Quatrième de couverture.

Par un beau jour d’octobre 1949, Helene Hanff s’adresse depuis New York à la librairie Marks & Co., sise 84, Charing Cross Road à Londres. Passionnée, maniaque, un peu fauchée, extravagante, Miss Hanff réclame à Frank Doel les livres introuvables qui assouviront son insatiable soif de découvertes. Vingt ans plus tard, ils s’écrivent toujours et la familiarité a laissé place à l’intime, presque à l’amour. Drôle et pleine de charme, cette correspondance est un petit joyau qui rappelle avec une délicatesse infinie toute la place que prennent, dans notre vie, les livres et les librairies. Livre inattendu et jamais traduit, 84, Charing Cross Road fait l’objet, depuis les années 1970, d’un véritable culte des deux côtés de l’Atlantique.

Mon avis.

Plébiscité par la majorité des livraddictiens, mon avis va sans doute en surprendre plus d’un mais malheureusement je n’ai pas aimé ce roman plus que ça , je l’ai même trouvé très ennuyeux par moments (et pourtant il ne fait que 150 pages).

Mon ressenti vient tout d’abord du personnage central : Helen Hanff, l’auteur elle-même et auteur de différentes lettres ici de ce court roman épistolaire. Je ne la supporte pas, j’ai eu envie plein de fois de refermer le livre sur l’une de ses lettres tellement elle m’irritait.
Je n’ai pas pu m’arracher du sentiment que cette bonne femme se croyait tout permis dans ses lettres (elle le dit d’ailleurs elle-même dans sa lettre du 09 février 1952 : « Je leur écris des lettres extravagantes parce que je suis bien en sécurité à 5000 kilomètres de là »).
Je ne sais pas si c’est moi qui suis aussi spécialement vite choquée mais le ton employé dans ses lettres est la plupart du temps désagréable au possible, tout simplement parce que le livre envoyé ne correspondait pas à Mademoiselle ou que la recherche d’un de ces livres si rares qu’elle attendait avec impatience prenait trop de temps selon elle…
L’emploi des majuscules en pleine phrase COMME CECI m’a vraiment gênée, car c’est un code qui selon moi, agresse l’interlocuteur, comme si on lui criait dessus (par contre, j’ai pu remarqué qu’à certains moments, la majuscule avait été omise en début de phrase, ce qui m’a encore plus irritée !)
Et pourtant… de l’autre côté, son correspondant, Frank Doel (se prononce comme Noël mais avec un D !) est si agréable avec elle, si gentil, toujours à la recherche du livre rare qui la ravira !

De plus, j’ai été choquée par le fait qu’elle précise à Frank dans une de ses lettres (celle du 18 septembre 1952) qui lui arrive de jeter des livres qu’elle sait qu’elle ne relira jamais… Sacrilège ! On ne jette jamais un livre. Perso, j’aurais été moins choquée si elle avait précisé qu’elle en faisait don à une bibliothèque ou des gens dans le besoin (vu qu’elle aime aider les employés de la librairie anglaise en leur envoyant de la nourriture pendant le temps du rationnement d’après-guerre, cela m’aurait semblé plus logique). Mais, jeter un livre… Non, ça c’est quelque chose que je ne peux pas cautionner.

Par contre, il y a des passages qui m’ont beaucoup plu, surtout quand Helen Hanff parlait avec amour de ses livres. Je vous cite quelques passages :

« J’adore les livres d’occasion qui s’ouvrent d’eux-mêmes à la page que leur précédent propriétaire lisait le plus souvent. Le jour où Hazlitt est arrivé, il s’est ouvert à « Je déteste lire des livres nouveaux » et je me suis exclamée « Salut, camarade ! » à l’adresse de son précédent propriétaire, quel qu’il soit » (lettre du 08 décembre 1949).

« (…) tandis que moi j’aurai le mien jusqu’au jour de ma mort et je mourrai contente à la pensée que je le laisse derrière moi pour que quelqu’un d’autre l’aime. Je mettrai un peu partout des petits points au crayon pour attirer l’attention d’un amateur de livres qui n’est pas encore né sur les meilleurs passages » (lettre du 12 décembre 1952).

Ces petits passages sont vraiment des petites pépites que j’aurais envie de relire encore et encore sans m’en lasser. J’aime lire la passion des livres chez les autres, c’est vraiment quelque chose qui nous habite et entre passionnés, on se comprend !

J’ai beaucoup aimé aussi le fait que d’autres employés de la librairie prenne la peine d’écrire à Helen. Ça donne vraiment un ton vivant au livre. De même, le fait que Nora, la femme de Frank, prenne la plume à son tour m’a beaucoup plu. Je pense que de toutes, ce sont ses lettres à elle qui m’ont le plus touchées.

Cependant, je regrette les espaces trop longs entre la correspondance, le fait que parfois, on sente qu’il manque des lettres et que certaines n’ont pas été publiées. J’ai trouvé qu’il manquait quelque chose et j’ai parfois dû repartir en arrière pour voir si je n’avais pas malencontreusement sauté l’une ou l’autre page.

Au niveau de l’écriture, vu que c’est un roman épistolaire, elle reste assez simple et on ne s’en plaindra pas. Il était déjà parfois difficile de s’y retrouver avec tous ses noms d’auteur dont je n’avais jusqu’ici jamais entendu parler !
On sent une différence dans le ton employé des lettres (défaut qui avait été relevé à propos d’un autre roman épistolaire, le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates, par certains livraddictiens lors du Book Club du mois de novembre). Cette fois-ci, j’ai été plus attentive à ce détail et j’ai bien remarqué qu’en effet, le ton employé changeait en fonction de l’auteur de la lettre… ne serait-ce que par le ton très (trop ?) exubérant pris par Helen dans certaines des siennes.

Enfin, je terminerai sur un petit mot sur le postface que j’ai bien apprécié car il permet d’appréhender la lecture sur d’autres angles. Une chose est sûre, malgré que je n’ai pas été plus emballée que ça, je pense que je relirai le livre d’ici quelques temps juste pour voir si mon opinion peut encore évoluer.

En conclusion, je peux dire que je ne suis pas déçue d’avoir découvert ce livre qui fait partie, pour moi, des romans qu’il faut absolument avoir lu au moins une fois dans sa vie. Bien que n’ayant pas aimé cette Helen, je garde quelques bons souvenirs des lettres échangées que je ne manquerai pas de relire, comme annoncé ci-avant !

Note finale : 7/10 (difficile ici de détailler la note comme je l’ai fait précédemment vu le caractère épistolaire du lire et le fait que Helen soit l’auteur des lettres, il est difficile de parler de « personnages » dans ce cadre particulier).

Des avis d’autres livraddictiens : Bibliomania


Challenge Livraddict 2010 : 1/15

84, Charing Cross Road de Helen Hanff
aux Éditions Le livre de Poche, 2009 pour la 6ème édition
159 pages

Commentaires

  1. Eh bien, intéressant, un avis un peu différent ! J'ai encore plus envie de lire ce livre qui est tout en haut de ma wishlist ;) 4 février 2010 15:07

  2. Tu as raison sur une chose : la façon dont elle écrit à Franck Doël est exécrable. Ceci dit pour certaines personnes c'est une façon d'être car à côté, et j'ai remarqué que tu n'en avais pas parlé dans ton article, c'est une femme de coeur qui ne manque pas de transmettre de la nourriture ou autres à l'ensemble des membres de la librairie. C'est d'ailleurs à partir de là que certains vont lui écrire directement sans passer par Franck Doël. J'ai remarqué, tout comme toi, l'écart de dates et je me suis aussi demandée si tout avait été publié. Dans le doute, j'ai fait comme si...
    En tout cas, globalement, ta chronique n'est pas si mauvaise et je suis contente que malgré le personnage particulier qu'a été Hélène Hanff tu comptes le relire ;)
    J'adore lire tes avis parce qu'ils sont toujours très bien étayés.
    A bientôt sur le forum. 4 février 2010 16:05

  3. C'est bien d'avoir des avis qui divergent un peu de temps en temps. Cela ne nous empêche nullement de trouver des qualités à l'ouvrage, mais forcément, on ne le perçoit jamais de la même manière.

    Ce livre ne me tente pas plus que cela pour le moment, ma wishlist est importante et ma PAL, j'en parle même plus !!!! lol 4 février 2010 18:16

  4. Merci pour ton avis, Jess, très intéressant et qui se défend ! Je suis globalement d'accord avec ce que tu n'as pas aimé chez Helene Hanff mais j'ai quand même beaucoup aimé ce livre.
    Je n'ai ai pas parlé dans ma chronique mais c'est vrai que j'avais été choquée par le fait qu'elle jetait des livres ! 4 février 2010 18:19

  5. Le résumé me plaisait assez mais, au vue des extraits que tu as présentés, je pense qu'il ne me plaira pas. D'autant plus que les majuscules en pleine phrase et celles omises en début risquent de fortement m'énerver. 5 février 2010 12:50

  6. Je te rassure, tu n'es pas la seule qu'Hélène Hanff a agacée ^^
    Du coup, contrairement à toi, je ne percevais même plus ses cadeaux comme une preuve de bon coeur.
    J'avais l'impression qu'elle se donnait des airs supérieurs et que cela ne lui coûtait rien dans le fond.
    Je n'irais pas jusqu'à le comparer aux patates ( comparer un récit authentique et une fiction, bof bof) mais il est clair que j'ai quand même de loin préféré les patates (même si les personnages y étaient beaucoup moins différenciés, comme nous l'avions tous soulignés en lecture commune).
    Je trouve que l'on mystifie trop ce livre, pour moi il n'a rien de si extraordinaire :/ 6 février 2010 16:15

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